NOUS ETIONS FAITS POUR ETRE HEUREUX

 

de Véronique Olmi - Juin 2012        

 

 

Suzanne est accordeuse de piano, elle travaille en jean et baskets, sa mallette à la main.

Aujourd’hui, elle a rendez-vous au 8 rue de l’abreuvoir, au pied du Sacré-cœur.

Arrivée à destination, Suzanne sonne, une voix aiguë et polie lui répond et ouvre, c’est Lucie.

A peine franchie la porte, elle se heurte à un homme, costume trois pièces, l’air pressé, qui regarde Suzanne des pieds à la tête et sa tenue de plombier, il lui envoie un sourire contraint d’homme poli en retard.

 

Cet homme qui s’appelle Serge, a soixante ans, il est agent immobilier dans des biens de luxe, sa femme Lucie a trente ans de moins, elle lui a donné deux beaux enfants, Théo et Chloé.

 

Malgré une vie bourgeoise, une belle femme, Serge semble enfermé dans un mal être que rien ne peut dissiper. Lucie ne lui apporte pas ce dont il a besoin, malgré les « je t’aime » qu’elle lui prodigue. Il pense aux carmélites du Sacré- Cœur, il les envie, l’exclusion, la liberté de ne rien posséder.

 

De son côté, Suzanne est mariée à Antoine qui n’aime pas grand-chose, ils n’ont pas d’enfants, lui travaille dans un garage à la Garenne-Colombes, il n’aime ni le foot, ni les cigarettes, mais à la pause il ment par souci d’intégration. Il aime faire des puzzles, oui ça, il aime. 

 

 La fête des vendanges va être l’occasion à Serge et Suzanne de se revoir.

Suzanne accompagne son élève Mathieu au bar le Tam-Tam, où une exposition de photos d’un de ses copains a lieu.

 L’orchestre enchaîne différentes mélodies, Suzanne les yeux fermés danse seule.

 

Serge et Lucie entrent au Tam-Tam, une atmosphère lourde y règne, elle sait que Serge n’aime pas la foule ni le bruit, il a besoin d’espace, l’endroit est crasseux et enfumé.

 

Lucie aimerait que Serge la fasse danser, mais elle n’ose lui demander, lui, part contre, se demande comment fait cette femme sur la piste pour danser seule, plus très jeune ni très jolie qui bouge sans complexe, ses hanches sont trop épaisses, il pense : elle est belle. Elle a plus de quarante ans,

L’ovale de son visage est relâché, bientôt elle devra cacher ses bras, enfin le processus normal du vieillissement. Mais pourquoi pense-t-il à tout ça ?

Il veut voir ses yeux, l’occasion lui en est donnée quand cette dernière s’approche, Lucie fait les présentations.

Lucie sort pour appeler un taxi, des fumeurs de son âge attendent, elle n’est pas des leurs, elle est d’ailleurs, elle pleure.

Après cette soirée Serge est envahi par des sentiments qui lui font peur, des ondes se propagent dans son corps,

Dans la nuit Serge ne pense qu’à cette femme, il se lève va vers le piano, il repense à sa mère qui jouait quand il était petit. Il cherche l’adresse de Suzanne, elle habite tout prêt, mais du côté des gens ordinaires.

 

Il va l’attendre toute la journée sous la pluie, à son arrivée, il la suit dans l’escalier, elle referme la porte, lui offre à boire, mais très vite il repart, c’est comme ça que l’histoire commence.

Il ne franchit pas la porte de l’immeuble et remonte, ils se sont trouvés, c’est tout simplement la naissance d’un bel Amour.

Il avoue à sa femme son infidélité, les jours qui suivent il est banni par tous les trois.

Il se rappelle son enfance, son histoire, ce terrible secret, il appelle Suzanne qu’il n’a pas vu depuis plusieurs semaines pour lui raconter, elle accepte à condition qu’ils se quittent pour de bon, elle vit seule à présent, ce sera leur dernière nuit. Serge reprend sa vie, la routine, il pense toujours à Suzanne, de son côté Lucie ayant eu connaissance de son secret, par Suzanne, part en Bretagne et prend conscience que sa vie avec Serge est terminée.

 

   Quel est ce secret ? Il y a-t-il un avenir pour Suzanne et Serge qui dorénavant sont libres ?

 

Très beau roman où l’auteure pénètre au plus profond des âmes, met en évidence la complexité des sentiments.

Elle aborde les difficultés à changer de vie, vie qui n’est pas toujours satisfaisante, mais dont on fait avec, faute de mieux.

Et puis un jour, un évènement auquel on ne s’attendait pas, vous fait entrevoir le possible, alors on est animé  d’une force que l’on ne soupçonnait pas, celle qui va vous rendre vrai.

 

 On voit qu’il faut beaucoup de courage parfois, pour être heureux.

 

 

                                 YVETTE DECKER