Les naufragés de l’île Tromelin

de Irène Frain publié en 2009

présenté, par Françoise Hurtaud

 

C’est l’histoire d’un îlot perdu dans l’océan Indien qui déclencha la lutte pour l’abolition de l’esclavage.

 

Nous sommes au large de Madagascar, au dix-huitième siècle, du temps de la compagnie des Indes, l’île de France futur île Maurice  vient d’être abandonnée aux français par les Hollandais et la France s’empresse d’y amener des colons Suisses ou Alsaciens. Un navire Le Diane venant de Port-Louis en Bretagne pour se rendre sur les comptoirs de l’Inde aperçoit au large de Madagascar une longue bande de sable et d’écume, le capitaine n’oublie pas de la notifier au dépôt des Cartes sous le nom de l’île de sable, mais il ignore que beaucoup de marins la surnomme l’île du danger.

 

Un  navire l’Utile se risque a passer dans ces parages aux vents et courants dangereux, dans ses flancs 160 esclaves hommes et femmes embarqués clandestinement par le capitaine. La tempête fait rage et la frégate s’écrase sur les coraux, les rescapés, 122 marins et 88 esclaves hommes et femmes, parviennent au bout de multiples efforts la peau arrachée par les coraux et les courants sur l’île de sable, la fameuse  …. Le capitaine Lafargue se rendant compte  qu’il avait fait erreur sur son cap et sa route devient fou, hagard il erre sur cette île battue par les vents, son second Castellan prend les choses en main, il commence à rechercher de l’eau. Pour manger, il y a les tortues les oiseaux. Des fûts de vin et d’eau de vie ainsi que d’autres objets sont récupérés parmi les coraux et il sépare les esclaves des marins  en deux groupes dans deux endroits différents. La vie est dure à supporter sur cet îlot où les vents,  la pluie, la chaleur en font mourir plus d’un. Castellan entreprend de fabriquer un bateau de fortune avec les restes de la frégate naufragée, on n’hésite pas à demander de l’aide aux esclaves qui ne peuvent qu’accepter. Quand le bateau est prêt à prendre la mer, Castellan se rend compte qu’il ne peut pas embarquer tout le monde. Les esclaves vont attendre sur l’île en ayant la promesse du capitaine  que l’on reviendra les chercher. Castellan arrive à bon port, explique son naufrage à la Compagnie des Indes et demande un bateau afin de ramener les esclaves abandonnés sur l’île. La compagnie des indes ne l’entends pas de cette oreille et refuse, il faudra quinze années pour qu’enfin un navire arrive à accoster, après plusieurs essais infructueux, au large de  l’île de sable ils  vont y trouver huit survivants sept  femmes et un bébé.

L’auteur Irène Frain bretonne et Lorientaise de surcroît, qui, après un long travail de recherches dans les archives de la Compagnie des Indes s’est rendu sur l’île, nous raconte cette histoire.

 L’île de sable devenue l’île Tromelin du nom de celui qui avait sauvé les derniers survivants, devient au fil des années un récit chuchoté et colporté et en 1788 Condorcet qui entre dans la « Société des amis des Noirs » aux côtés de l’Abbé Grégoire, Brissot , La Fayette et Olympe de Gouges s’empresse de rééditer son libelle et sa longue digression sur le honteux abandon des esclaves de l’Utile qui fera aboutir en Février 1794 à l’abolition de l’esclavage par décret de la Convention.

 

L’île Tromelin île française malgré les revendications de l’île Maurice pour la récupérer du fait des eaux alentours très poissonneuses est depuis 1954 une station météo dont la relève est assurée par l’armée de l’air mais aussi une réserve naturelle et elle fit l’objet en 2006 et 2008, d’une mission archéologique concernant le naufrage de la frégate, cette mission apporta une quantité importante d’informations sur la survie de ces esclaves et l’île est devenue un lieu de mémoire.

Comme quoi un petit grain de sable perdu au milieu de l’océan peut avoir son importance...

                                                                                                                        Françoise HURTAUD