Le Gosse

De Véronique Olmi, publié en 2022

Présenté par Michel Nougier

 

Nous sommes au lendemain de la première guerre mondiale, dans un quartier pauvre de la région parisienne. Le jeune Joseph, orphelin de père, a sept ans. Sa mère, Colette,  est ouvrière dans une manufacture et  les moyens financiers de la famille sont modestes. Sa grand-mère, handicapée par son grand âge reste à la maison et lui prodigue toute sa tendresse. Entouré de ses copains et grâce à l’amour des deux femmes qui le protègent et le chérissent, Joseph coule des jours heureux et fréquente assidûment l’école où il obtient de bons résultats.

Malgré son veuvage, Colette essaye de profiter de la vie. Elle sort et va danser régulièrement. Elle  rencontre des hommes avec lesquels elle a des aventures. Malheureusement, un jour, elle se retrouve enceinte. Pour cacher sa faute, elle décide de se faire clandestinement avorter. Mais les choses tournent mal. Elle meurt d’une terrible hémorragie.  Cette disparition marque, pour le petit Joseph, le début de sa descente aux enfers.  Malgré ses handicaps, sa grand-mère va bien essayer de continuer à l’élever. Mais elle est « au bout du rouleau », nous dit l’auteur du roman.

En fait, Le calvaire de Joseph  va lui venir de  la République française et de la générosité de ses hommes politiques.  En effet, depuis 1849 (sous la seconde République - 1848 1852), la France a décidé de veiller sur les enfants de la nation. Pour cela, elle a créé l’assistance publique. L’intention affichée est bonne. Il s’agit de ne plus  laisser les jeunes en détresse, sans soins ni éducation ». 

Comme la grand-mère de Joseph est devenue pratiquement invalide et qu’elle éprouve des difficultés à payer son loyer, l’administration française va prendre  les choses en main. L’enfant est déclaré pupille de l’assistance publique (On dirait aujourd’hui « Pupille de l’Etat »). Il a huit ans quand les gendarmes viennent le chercher.  Bien qu’il n’en ait pas conscience, c’est à ce moment précis que son calvaire commence.

Dans un premier temps, Joseph est placé dans une ferme chez des parents nourriciers qui touchent une prime mensuelle pour leur dévouement de principe.  Mal logé, mal nourri, mal vêtu et mal considéré, Joseph doit aussi travailler. On ne nourrit pas les bouches inutiles. C’est ainsi qu’il est invité à s’occuper des vaches et à dormir à l’étable. Pour autant, et le détail n’est pas sans importance, le fermier lui fait découvrir quelques rudiments de musique à l’aide d’un cornet qu’il conserve toujours sur lui en guise de souvenir.

Cela n’empêche pas Joseph d’être  très malheureux. Il se sent abandonné. Un jour,  sans but précis,  il s’éloigne de la ferme. Arrêté par les gendarmes, il est aussitôt envoyé en maison d’éducation surveillée à Paris à la prison de la petite Roquette.  Là, le martyre de l’enfant va  franchir un nouveau cap.  Admis dans l’établissement à la discipline implacable, il est entre les mains d’adultes plutôt malveillants. La maltraitance et la répression constituent des principes éducatifs que la République trouve normaux. Maltraité, battu, Joseph, comme nombre de ses codétenus  est régulièrement violé par un surveillant. Mais que peut-il y avoir de pire que ce sort de déshérité de la nation ?

Désespéré, il fait une maladroite tentative d’évasion. Il n’a alors que 11 ans.

C’est à la suite de cette maladresse immédiatement sanctionnée  qu’il va connaître le pire, la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray.   Créé  en 1839 pour réhabiliter les jeunes délinquants, cet établissement privé avait été conçu pour offrir aux mineurs délinquants une alternative à la prison. En réalité derrière ses murs, on trouvait un véritable bagne pour enfants. Les enfants sont sales, mal vêtus, mal nourris. Ils dorment tête bêche. Punitions sans fondement, cachot, viol, torture et même le meurtre y sont pratiqués. (Les enfants assassinés sont déclarés mort de la tuberculose)

Dans un monde de violence où tout le monde se méfie de tout le monde, Joseph  vit dans l’angoisse permanente. Il a peur à toute heure du jour et de la nuit et ne trouve nulle part, une assistance, un brin de réconfort. A l’âge de 10 ans,  privé de tout et surtout d’affection, il aurait besoin d’une relation de confiance, mais comment et avec qui l’établir dans cet univers hostile ?  Quelques furtifs regards échangés, une main qui effleure la sienne, de courts échanges verbaux et voilà que, lentement, il ressent un sentiment d’affection pour un codétenu, Aimé.  

Pendant que Joseph subit le pire cauchemar de sa courte vie, il réussit à entrer dans la fanfare de l’institution où il joue de la trompette. Passionné, il cherche à s’améliorer chaque jour davantage jusqu’à acquérir une certaine virtuosité. 

Or, c’est la musique qui lui permettra de s’échapper légalement de l’univers infernal de Mettray... 

 

Mais que se passe-t-il ensuite ? Vous le saurez   en lisant le livre.