Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler

De Luis Sepùlveda

Publié en 2021, présenté par Michel Nougier

 

Notre histoire se déroule dans la ville de Hambourg non loin du  port.

 

En survolant l’embouchure de l’Elbe dans la mer du Nord, Kengah, une jolie petite mouette qui chasse le hareng avec ses amies, est soudain submergée par une vague chargée de pétrole, « la peste noire des mers ».

 

Au prix de terribles efforts, elle réussit à se débarrasser d’une partie du mazout qui la recouvre et commence par recouvrer ainsi la vue. Malheureusement, dès son premier regard, elle constate qu’elle est désormais seule au milieu des eaux. Ses compagnes de voyage sont parties. Elle sait ce que cela signifie. Elle sait que « la malédiction des mers répandue par les humains lors de dégazages sauvages » va lui être fatale. C’est ainsi que notre courageuse  Kengah se résigne à attendre une mort lente et cruelle. Tandis que passe le temps au cours duquel  elle imagine avec effroi toutes les formes d’agonie qui la guettent, elle s’aperçoit soudain que le goudron maléfique qui la condamnait à mort n’a pas totalement collé  ses ailes contre son corps. Elle réalise tout à coup qu’elle peut donc encore les bouger. Un brin d’espoir renaît alors dans son esprit et lui redonne des forces.

 

Après plusieurs plongeons dans l’eau propre, elle réussit à retirer encore un peu de mazout. Enfin, au bout de cinq ou six essais infructueux, elle arrive à s’envoler et  à regagner la terre ferme.

 

Pendant les vacances de son jeune maître qui a suivi ses parents en voyage à l’étranger, Zorbas,  un gros chat noir, coule paisiblement des journées de paresse dans un bel appartement de la ville.

 

Ce jour-là, il sommeille sur son balcon quand brusquement, il « entend le bourdonnement d’un objet volant qu’il ne sait pas identifier ».Instinctivement, il se met sur ses pattes et regarde s’abattre sur son lieu privilégié de repos quotidien  un oiseau très sale et très malodorant.  Manifestement, il s’agit d’une mouette qui essaye de se redresser en traînant les ailes.

 

- Ce n’était pas un atterrissage très élégant que tu viens de nous faire là, miaula-t-il.

- Je regrette mais je ne pouvais guère faire autrement croassa Kengah…  J’ai été atteinte par une vague noire et dorénavant mes jours sont comptés, répondit la mouette.

- Oh non ! Tu ne vas pas mourir ! Je vais t’aider. D’abord, je vais t’apporter un peu de nourriture. Puis tu te reposeras  un peu pendant que j’irai demander ce qu’on fait avec une mouette malade. Ensuite, tu verras ! Tu iras tout de suite mieux.

- Chat, mon ami, je vois que tu es bon. Malheureusement, je sais bien que  je suis perdue. Cependant, avec mes dernières forces, je vais pondre un œuf  et puisque tu as de nobles sentiments, je vais te demander de me promettre trois choses. Promets-moi que tu ne mangeras pas l’œuf  et qu’au contraire, tu t’en occuperas jusqu’à la naissance du poussin. Enfin, promets-moi que tu apprendras à voler à l’oisillon qui naîtra.

 

Bien qu’il pense que cette malheureuse mouette délire compétemment, Zorbas  accepte de  s’engager à faire tout ce qui lui est demandé.

 

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais l’imagination de l’auteur va nous emmener bien plus loin, dans un monde plein de sensibilité, de tolérance et de générosité. Afin que dans ce récit riche du sentiment d’amour pour autrui, la  compassion, la tolérance et la bienveillance puissent prendre tout leur relief, l’évocation des maux de la société humaine ne nous  seront pas épargnés.

 

 

Au final, c’est  dans un océan d’émotions et de tendresse que nous serons  immergés  grâce à ce conte qui n’est pas seulement destiné aux enfants.